dimanche 12 février 2012

Le plus jour de sa vie .....
























C'était annoncé depuis trop peu de temps.
Un an environ.

Malgré ces quelques mois de « l'avant » jonchés de réflexions partagées, d’auto persuasions, d’enterrements de vie de garçon à répétition, de félicitations d’inconnus, et de fins de soirées titubantes lors desquelles Marie redevenait l’amour de sa vie (souvent après avoir été maintes fois éconduit ),il flippait.

 C’était demain, donc, … trop tôt, … beaucoup trop tôt.

Il parait que c’est un sentiment récurrent. Oui, sa mère elle-même lui avait dit : « moi aussi, avant d’épouser ton père … » pffffft, vachement rassurant !

Certes, Anne Clotilde (sa mère) trouvait encore étrange que telle belle famille eut pu engendrer tel concentré de douceur, d’attentions et de compassion en la personne de Marie.

« Anne Clotilde » (le prénom) vint sans doutes d’une lecture dominicale d’un obscur roman rose ou les bourgeoises rêvent de garde chasse, sa propre mère Lucette en étant friande.

« La Clo » telle que sobriquée par ses amis se satisfaisait de cette union proche. Son fils, un crétin malin, quoique naïf opportuniste allait enfin s’unir pour la vie,(enfin, il devrait le jurer devant un dieu), lui qui était habitué a la fille du garde chasse en vacances ou au gibier de passage dans la seul boite du coin.

Cette fois, Arthur, l’épicurien sceptique, le fils de La Clo, était parvenu a séduire l’ultime crystivomer  sauvage de ces eaux. Certes sur un malentendu mais séduite quand même.

Lendemain de crémaillère, titillé par sa gaule matinale il décida de filer chez le buraliste pour étancher sa soif de reportages anatomiques dans le dernier new-look, internet étant en panne. Alors qu’il hésitait discrètement entre le « new look» et le « plus salace », Marie entra et la main d’ Arthur se posa rapidement sur le rayon du bas, …sur géo spécial Venise … Elle lui dit simplement : « vous connaissez ? » et , coup de bol, « oui ,… heu j’adore », il en revenait.

Passons sur le café partagé, oû la gaule fit place a une pré-tendue ( !) passion pour la Vénétie .

Et puis d’aiguilles en chas , ce sera demain, un mariage…

Quelques mois de passions effrénées pour elle (mais retenues pour Arthur, lui qui pensait juste la posséder au moins une fois) passeront avant que La Clo et « le » Bernard, le beau-père presque drôle, rencontrent les créateurs de Marie.

Ces géniteurs de fille unique l’étaient également. Lui, « Michel », prénommé comme tous ses camarades de classes de 1945, avait pour seul but la recherche du mouvement perpétuel, au sens scientifique (et loufoque) du terme. Entre aimants, pendules et rouages, il avait juste omis d’observer qu’il avait atteint sa philosophale roche en la personne de Nadine, son acariâtre et intenable épouse.

Arthur aimait à se laisser porter par les doux délires de Michel. Le vent et ses fuites, l’attraction et sa pesanteur, ses bricolages organisés mais infructueux. Ils partageaient alors parfois des discussions futiles mais jouissives sur l’étrange espèce humaine et sa débilo-dynamique, comme s’ils n’en faisaient pas partie. La poire alambiquée de cousin Dédé aidant.

Elle, Nadine aimait les gens. Elle ne pouvait cependant s’empêcher de leur trouver des défauts. Pour une bonne raison : nous en avons tous quelques uns, et s’il est certes absolument croustillant de les déceler, cette quête isole. Si son irrationnel de mari cherchait l’a priori impossible, elle, tutoyait son graal au quotidien, seule.

Bernard était le roi (entre maudit et fainéant) du calembour. Il avait su séduire La Clo par sa simplicité et sa paix intérieure jamais égratignée jusque la. Gourmand de contrepetries et de mots fléchés, il était bourrin mais très loin d’être un gros con, … ce qu’il pouvait parfois laisser penser…, il s’en moquait.

 Le père « officiel » d’ Arthur, dont il devait bien avoir conservé une photo quelque part s’était vaporisé contre un platane a vive allure le lendemain de ses cinq ans. Enervé chronique et parfois gentiment violent, il ne jurait que par la révolution et l’exode rural. Cet arbre lui rappela qu’il habitait encore a la campagne.
Heureusement, le platane ne fut que blessé.

Arthur avait décroché contre toute attente un stage « Erasmus cuisine » en Italie. Catalogué comme le gentil clown en primaire, il avait gentiment planté son collège et s’était retrouvé en cap puis BEP puis bac pro puis Erasmus parce que vraiment pas si con. Passionné de gouts simple et de cuisine, il fit sa valise.
Jusqu'à cette Venise salvatrice …

A part un redoublement évité lors de sa plus boutonneuse année, Marie avait toujours fait la fierté de ses profs principaux, les narcissisant dans leur beauté d’enseignants. Intelligente quoique peu originale, elle semblait exceller dans toutes les matières. Elle était juste concentrée.

Décousue, cette rencontre eut lieu.
La Clo, Bernard, Nadine, Michel, et les tourtereaux, Marie et Arthur.

La rencontre se fit chez Nadine et Michel, forcément. Une jolie ferme retapée comme seul un alchimiste autodidacte peut le faire. Branlante mais pas si moche, sans plomb ni or. Sa femme étant de toute façon trop occupée a critiquer la piscine tape a l’œil des voisins. Nadine se demandait si elle devait ou non sortir sa plus belle vaisselle, chèrement héritée lors d’une rixe franginesque. Elle finit par la dresser sur cette solide table en noyer, aux pieds en contreplaqué, se disant que sur ce coup, au moins, elle serait irréprochable.

Anne-Clotilde et Bernard arrivèrent les premiers. La Clo le conduisait dans une familiale berline déjà équipée de lecteurs DVD a l’arrière pour les petits enfants à venir, raison officielle, mais essentiellement pour le pater familias qui avait oublié de grandir. Bernard, justement,  regagna la place du mort (au prix de douloureuses contorsions de sexagénaire, sa « douce » refusant de s’arrêter) juste avant ce large portail en bois, qui ne fermait manifestement plus et soupira discrètement car il ne put finir « les bronzés » pour la einième plus une fois.
Il avait dit vouloir faire une petite sieste a l’arrière, et menti légèrement en disant : « tiens le divix des bronzés ! »
Deux heures séparaient les deux nids.
Le GPS l’affirmait :  c’était la !

Nadine, l’oreille affûtée les guettait depuis au moins l’heure de leur départ, et tout naturellement, parée de son tablier le plus repassé, les attendait sur le seuil, mains croisées sur sa féminité, sourire de composition figé, prête a assouvir son plus jouissif passe temps : chercher la faille.

 Michel, lui, peaufinait les  rouages quantiques de sa laborieuse invention de distributeur de granulés pour lapins, (pas encore au point) pour les vacances lointaines et longues qu’ils ne prendraient jamais, lorsque sa « douce », sans bouger un muscle hormis son favori, lui souffla « ils sont la, viens vite voir ! »
Au moment d’esquisser un « qui est la ?» il se rappela relativement vite que les parents de ce futur sympa gendre arrivaient et que potentiellement quelqu’un pourrait s’intéresser a ses drôles de travaux. Mais bon, il aimait les gens, simplement.

Galopant comme un lapin sans granulés, un tournevis a la main, il eut juste le temps de regagner la position stratégique de sa stratégique épouse avant que ce premier contact du troisième type eut lieu.

Bonjour ! vous êtes donc Gérard ?! (sourire aux lèvres)
Heu, non Bernard,… mais vous êtes donc Michel , le chercheur « presque trouveur » ? (clin d’œil)
Le ton était donné

Durant cet évidement 1er contact primordial, les « presque douces » firent semblant d’hésiter entre poignée de main solennelle et bise programmée.
« La Clo ? »
Nadine ?
Je suis ravie ! depuis le temps ! mais vous devez être si occupée …
Heu, … oui, enfin la retraite active, vous connaissez !
Très active, oui ! enfin … les enfants ne sont pas encore là, visitons !

La bâtisse était vaste. Retapée a même pas 15 %, les 85 restant n’étaient que le doux théâtre d’expérimentations sous voûtes de pierres dorées

Michel précisa que cette ferme « est en u » mais qu’elle était à l’origine fermée, et La Clo comprit de Nadine« qu’elle était nue et qu’elle était fermée a l’origine ». Étourdie, elle commença a le trouver étrange .

Nadine se délectait de leur présence et les observait écouter les histoires de Michel sur le glorieux passé supposé de cette fermette paumée. Elle trouvait que « la Clo » était un surnom stupide, que « le » Bernard avait l’air vulgaire et que leur berline était bien un drôle de signe extérieur de richesses par rapport au jean baskets usées du beau-père. Beau père, d’ailleurs, c’est pas un peu louche ça ?? Elle pensait désormais mieux comprendre le laisser aller vestimentaire de leur fils : elle jubilait.

Si la Clo paraissait un peu paumée devant tant de suppositions architecturo-historico-graalesques mais aussi par la mièvrerie faussement dissimulée de Nadine, les deux hommes, eux semblaient s’ être gentiment trouvé.
Si l’un disait « Graal » l’autre répondait « Monty-pythons » mais si l’autre disait « La Clo se voûte » l’un répondait « oui du XVIIème ».

Au grand dam de Nadine, qui pensait déjà a sa Suze dans ses verres en cristal, ils acceptèrent la proposition de Michel de visiter la grande cave et d’y boire l’apéritif, un antique vin vieux élaboré par d’authentiques moines, authentiquement cloîtrés mais souvent ivres, … de  liturgie bienfaitrice a 14 degrés.

2 petits coups de klaxon, les enfants (de 30 ans quand même) étaient là.

Le repas fut.


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